Le 7 septembre 2024, l’Algérie a organisé une élection présidentielle anticipée, initialement prévue pour décembre de la même année. Le président sortant, Abdelmadjid Tebboune, a été réélu avec un score officiel de 94,65 % des suffrages exprimés.
Contexte et déroulement du scrutin :
La décision d’avancer l’élection a été annoncée en mars 2024, sans explication officielle claire, suscitant des interrogations quant aux motivations réelles derrière ce choix.
La campagne électorale s’est déroulée dans un climat marqué par une faible mobilisation populaire et un désintérêt notable de la population, reflétant une lassitude vis-à-vis du régime.
Résultats et taux de participation :
Les résultats officiels ont attribué à Abdelmadjid Tebboune 94,65 % des voix, un score qualifié de “soviétique” par certains observateurs, suggérant une absence de réelle compétition électorale.
Le taux de participation annoncé a été de 48,03 %. Cependant, des incohérences dans les chiffres ont été relevées, certains estimant que la participation réelle était inférieure à 25 %, mettant en doute la légitimité du scrutin.
Réactions et contestations :
Fait inhabituel, les deux principaux adversaires de Tebboune, Abdelaali Hassani Cherif et Youcef Aouchiche, ainsi que le président réélu lui-même, ont dénoncé des “incohérences majeures” dans les résultats annoncés, pointant des manipulations du taux de participation.
Cette situation a accentué le fossé entre le régime et la population, déjà ébranlé par le mouvement de contestation du Hirak, et a ravivé les critiques sur le manque de transparence et de crédibilité du processus électoral en Algérie.
Conséquences politiques :
La réélection de Tebboune, dans un contexte de participation populaire limitée et de contestations internes, risque de renforcer la militarisation graduelle du régime, l’armée jouant un rôle de plus en plus prépondérant dans la gouvernance du pays.
Cette situation pourrait également conduire à une intensification de la répression et à une instabilité sociale accrue, les aspirations démocratiques exprimées lors du Hirak n’ayant pas trouvé de réponse adéquate de la part des autorités.
L’élection présidentielle anticipée du 7 septembre 2024 en Algérie, caractérisée par une réélection controversée du président sortant et une participation électorale suspecte, illustre les défis persistants auxquels le pays est confronté en matière de légitimité politique et de gouvernance démocratique.
Sources :
- https://www.jeuneafrique.com/1606608/politique/en-algerie-abdelmadjid-tebboune-reelu-avec-9465-des-voix
- https://www.lefigaro.fr/international/algerie-l-election-presidentielle-anticipee-aura-lieu-le-7-septembre-2024-20240321
- https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/09/07/en-algerie-faible-engouement-pour-une-presidentielle-sans-suspens_6306913_3212.html
- https://www.lemonde.fr/en/le-monde-africa/article/2024/09/10/algeria-s-disputed-election-results-and-low-turnout-taint-president-s-re-election_6725487_124.html
- https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/09/09/en-algerie-contre-toute-attente-le-president-reelu-et-ses-deux-adversaires-denoncent-des-incoherences-majeures-dans-les-resultats-annonces_6308911_3212.html
- https://www.lemonde.fr/en/opinion/article/2024/09/10/algeria-s-worrying-rift-between-regime-and-population_6725470_23.html
- https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/09/27/en-algerie-le-risque-d-une-militarisation-graduelle-du-regime_6336323_3212.html