L’espace ne doit pas être seulement le terrain de jeu des milliardaires.
Notre agriculture pour redevenir souveraine doit faire face à une multitude de difficultés et d’adversaires. Si nous pouvons en identifier une bonne partie, force est de constater que de grandes invisibilités de menaces planent au-dessus de nos assiettes.
Sécurité environnementale et alimentaire.
Pour nos amis agriculteurs, l’espace ce n’est pas seulement de belles étoiles brillantes au-dessus de leurs exploitations. Depuis plusieurs années, l’espace est un outil. Bien que le GPS (global positioning system) soit la fonction la plus connue du grand public, l’utilisation des images satellitaires offre de nombreuses aides à la gestion de leurs exploitations. Ainsi, les fonctionnalités de bases sont nombreuses : délimitations des parcelles et du cadastre, gestion de stock, alertes météorologiques et surveillances des insectes et maladies… Les nouvelles solutions digitales permettent aux agriculteurs de développer une véritable agriculture durable. L’imagerie satellitaire produite par des satellites, tels que le Sentinel 2, associés à des algorithmes dont l’intelligence artificielle a le secret peut permettre d’identifier, par exemple, des parcelles plus sensibles à la sécheresse. Les besoins en irrigations peuvent être contrôlés ainsi que d’éventuels traitements. Certains prestataires de plateformes et capteurs offrent des précisions maximales par une visualisation multispectral des parcelles et de leurs indices de vigueur végétatifs, de stress en azote, de contenu hydrique foliaire et bien d’autres. Des cartographies de préconisation peuvent être réalisées et guider l’agriculteur dans sa gestion des traitements. L’utilisation des satellites d’observation de la Terre offre d’innombrables opportunités pour, certes, améliorer la productivité, mais aussi pour développer des systèmes agricoles durables et apporter des produits alimentaires de qualité.
Oui, mais où sont les données?
À cette question, un prestataire de plateforme me répondit d’un naturel éhonté « bah chez vous ! ». Certes, mais pas que, et s’en suivit un dialogue de sourds ! Les ensembles des données produites par les agriculteurs français utilisant ces plateformes doivent être protégés au titre du RGPD (Règlement Général des Protections des Données). Il est indispensable qu’ils sachent ce que deviennent leurs informations collectées, leur lieu de stockage et s’il peut y avoir une utilisation partagée. Le domaine digital demande aujourd’hui de grandes compétences techniques, ce qui ne doit en aucun cas éluder le problème de la protection de ce qui est très précieux : la donnée. Les utilisateurs sur le terrain doivent connaître les risques associés à l’utilisation de ces technologies satellitaires dans l’agriculture. Malheureusement, force est de constater qu’une certaine opacité existe dans les réponses fournies par certaines firmes de ces technologies connectées.
Quels dangers ?
Indépendamment des vols de matériels orchestrés par des mafias de certains pays de l’Est, ne nous leurrons pas, notre environnement économique est celui de la concurrence et de la compétition. Ce type de données liées aux fondamentaux de la sécurité alimentaire est vital. Des informations volées peuvent être utilisées dans des opérations d’espionnage industriel liées à des pratiques agricoles, des processus de fabrication ayant pour but d’affaiblir un concurrent, une filière, voire un pays. Elles peuvent être utilisées pour manipuler les marchés à certains moments clés, tant en termes de rendement que d’influence de prix. Ne perdons pas de vue qu’une guerre de haute intensité fait rage sur le continent européen. Les rivalités sont multiples et malheureusement souvent invisibles. Des données volées peuvent être utilisées par un État belligérant pour surveiller les activités agricoles d’un adversaire et déclencher l’arme alimentaire de façon contrôlée.
Bien que le XXe siècle ait ouvert un nouveau champ de conflictualité dans l’espace, il ne faut pas perdre de vue que cet environnement doit demeurer pacifique, puisque pour différentes raisons, il est indispensable à notre survie. Sa conquête doit donc se faire au bénéfice de la sécurité humaine.