
Dans le tumulte des élections dans le monde, deux pays, la France et le Royaume-Uni ont élu leurs représentants au début de l’été. Deux démocraties, deux résultats (complètement) différents.
Commençons par le plus simple : le Royaume-Uni
Les résultats sont simples :
- Le 4 juillet, les élections au scrutin uninominal à un tour ont eu lieu. Le parti travailliste conduit par Keir Starmer arrive largement en tête avec plus de 410 sièges sur 650 à la Chambre des Communes et le parti conservateur de Rishi Sunak chute à 121 sièges.
- Vendredi 5 juillet, Keir Starmer a été nommé Premier ministre.
- Le 9 juillet, la nouvelle chambre s’est installée afin d’élire son président. Bonne ambiance, le perdant blague avec le vainqueur, le célèbre fair-play britannique domine.
- Le 17 juillet, le roi Charles III a lu, d’une voix neutre, le programme du nouveau gouvernement.
Voilà …
Dans le détail, cela donne ceci : les élections générales anticipées du 4 juillet 2024 au Royaume-Uni ont marqué un tournant significatif dans la politique britannique.
Parti vert : Les Verts ont remporté 4 sièges, un record pour eux, avec l’entrée au Parlement de leurs co-leaders Carla Denyer et Adrian Ramsay.
Parti travailliste (Labour) : Sous la direction de Keir Starmer, le Labour a remporté une victoire écrasante, obtenant 411 des 650 sièges de la Chambre des communes, soit environ 63 % des sièges.
Parti conservateur (Tories) : Le parti a subi une défaite historique, réduisant sa représentation à 121 sièges, son pire résultat depuis le début du XIXᵉ siècle.
Libéraux-démocrates : Ils ont réalisé une performance remarquable, remportant 72 sièges, leur meilleur score depuis des décennies.
Reform UK : Le parti a fait une percée notable avec 5 sièges, et son leader, Nigel Farage, a été élu pour la première fois au Parlement.
Parti national écossais (SNP) : Le SNP a subi des pertes significatives, réduisant sa présence à 9 sièges, principalement au profit du Labour en Écosse.
Cette élection reflète un profond désir de changement parmi l’électorat britannique, après quatorze ans de gouvernance conservatrice marquée par des politiques d’austérité, la gestion controversée du Brexit et des crises internes au parti.
La victoire du Labour, avec une majorité absolue, offre à Keir Starmer une position solide pour mettre en œuvre son programme centré sur la justice sociale et la reconstruction économique. Cependant, le taux d’abstention élevé, environ 40 %, indique une désaffection notable envers le processus politique, posant un défi en termes de légitimité et d’engagement citoyen.
La déroute des conservateurs, réduits à leur plus bas niveau historique, suggère une nécessité de réévaluation profonde de leur orientation politique et de leur leadership pour regagner la confiance des électeurs.
Les gains des libéraux-démocrates et de Reform UK signalent une fragmentation accrue du paysage politique, avec une montée des partis tiers qui pourraient influencer les débats parlementaires et les orientations politiques futures.
En Écosse, les pertes du SNP au profit du Labour pourraient modifier les dynamiques autour de la question de l’indépendance, avec un affaiblissement du mouvement indépendantiste au Parlement britannique.
En conclusion, ces élections générales de 2024 ont redessiné le paysage politique britannique, offrant au Labour une opportunité de diriger avec une majorité confortable, tout en posant des défis en termes de cohésion nationale et de réponse aux aspirations d’un électorat diversifié et en quête de renouveau.
Sources :
- https://www.lemonde.fr/international/article/2024/07/05/legislatives-au-royaume-uni-avec-la-victoire-historique-du-labour-sur-les-conservateurs-un-paysage-politique-en-pleine-recomposition_6246986_3210.html
- https://www.observatoiredeleurope.com/resultats-des-elections-generales-britanniques-2024-le-vote-de-chaque-circonscription-a-travers-le-pays_a31634.html
- https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/07/05/au-royaume-uni-une-victoire-et-des-responsabilites-pour-la-gauche_6247167_3232.html
- https://www.thetimes.com/uk/politics/article/general-election-2024-results-map-charts-seats-mps-dnr5j72r9
La France …
Faisons “court”. A la surprise générale, le 9 juin, le président Macron pique une colère et (hop) dissout l’Assemblée Nationale. Commence alors une campagne électorale sur “les chapeaux de roues”. Mais les Français ont-ils compris la portée du message du monarque républicain en place ?
Chronologie des faits.
Au premier tour, nous avions :


Au deuxième tour, une semaine plus tard, nous avons eu :


Ce qui nous donne en répartition de sièges (à vos calculettes !) :

Sources : https://www.resultats-elections.interieur.gouv.fr/legislatives2024/ensemble_geographique/index.html ; vie-publique.fr ;
Tableaux créés avec Datawrapper, Frédérique Anckner, juillet 2024
Une fois les tableaux du Ministère de l’Intérieur digéré, voilà ce que cela donne :
- 7 juillet 2024 : Second tour des élections législatives. Les résultats montrent un Parlement sans majorité claire. Les sièges se répartissent comme suit :
- Renaissance (majorité présidentielle) : 228 sièges
- Rassemblement national (RN) : 151 sièges
- Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES) : 145 sièges
- Les Républicains (LR) : 46 sièges
- Divers : 27 sièges
- 16 juillet : le Premier ministre Gabriel Attal présente sa démission. Emmanuel Macron commence des consultations pour former un nouveau gouvernement.
- 5 septembre : nomination de Michel Barnier comme Premier ministre
- 21 septembre : nomination du gouvernement. Le décret relatif à la composition du gouvernement a été publié au Journal officiel du 22 septembre 2024. Un nouveau décret a été pris le 27 septembre pour nommer Jean-Louis Thiériot, ministre délégué auprès du ministre des armées et des anciens combattants, et Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée des personnes en situation de handicap auprès du ministre des Solidarités, de l’autonomie et de l’égalité entre les femmes et les hommes .
- 4 décembre 2024 : Censure du gouvernement Barnier par 331 voix à l’initiative de LFI avec le soutien du RN.
- 13 décembre : nomination de François Bayrou comme Premier ministre
- 23 décembre (pour Noël 🙂 : nomination du gouvernement
- À ce jour : Le gouvernement reste fragile, dépendant de majorités ad hoc sur chaque projet de loi. Les tensions persistent entre les blocs politiques, augmentant la probabilité d’une nouvelle crise institutionnelle.
Analyse géopolitique et institutionnelle :
- Blocage institutionnel : L’absence de majorité parlementaire stable complique l’adoption des réformes majeures, fragilisant la capacité de la France à répondre aux défis nationaux et internationaux.
- Impact sur l’UE : La fragilité politique de la France limite son rôle de moteur dans l’Union européenne, notamment sur des dossiers stratégiques comme la transition énergétique et la politique de défense commune.
- Montée des extrêmes : La progression du RN et des divisions au sein de la gauche reflètent une polarisation accrue de l’électorat. Ce climat alimente la défiance envers les institutions et pourrait faire augmenter les risques de tensions sociales.
Conclusion :
Les Français sont las de ce spectacle pathétique. Mais il se dit dans les hautes sphères que le roi est malheureux n’étant pas compris de son peuple …