Semaine du 5 au 11 février 2024
Trump et l’OTAN
Stupeur et tremblement à l’écoute des déclarations de Donald Trump
Comme on ne nous montre jamais tout, j’avoue avoir pris mon courage à deux mains et écouter l’allocution, non le discours, non le monologue de Donald Trump de Conwan en Caroline du Sud dans lequel, il menace l’Europe et les pays membres de l’OTAN. La séquence tant attendue se situe entre 2h26 et 2h27 des 3h23 que dure le spectacle1 . Il y a des shows men à l’humour fin, à l’humour gras et grossier, et puis il y a Trump, revanchard, et sans filtre avec un tiroir-caisse à la place du cerveau qui jongle perpétuellement entre les “billion and trillion of dollars“, mais qui semble n’avoir jamais lu un traité de relations internationales et encore moins celui de l’organisation de l’Atlantique Nord.
Alliance et non deal
Les mots ont un sens et l’auteur de “The Art of the Deal” applique sa méthode à toutes les circonstances. Tout est transactionnel chez lui, et tant qu’à faire, à son avantage. Un jeu à somme nulle où il ne doit pas être celui qui perd, mais celui qui gagne. Il doit en être ainsi qu’il s’agit de relations commerciales comme de relations internationales.
L’OTAN, Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, est “une alliance politique et militaire“2 sous l’égide des États-Unis et régit par le Traité de Washington de 1949. Il ne s’agit donc pas d’un contrat de vente ou d’échange, mais une alliance entre États souverains dont l’objectif politique est de défendre et promouvoir les valeurs démocratiques, de résoudre des problèmes voire d’éviter des conflits. L’objectif militaire, quant à lui, s’attache à tenter des résolutions pacifiques des différends quand cela est possible. Le cas échéant, l’organisation se positionne en gestion de crise suivant la clause de défense de l’article 5 du Traité de Washington ou sous mandat de l’ONU.
L’article 5 de quel contrat de vente?
Puisqu’il s’agit d’une alliance, il ne s’agit pas d’un contrat de vente, mais d’une coopération dans l’exercice du droit de légitime défense à assister un pays membre agressé. Ainsi, après les attaques du 11 septembre 2001, les pays membres de l’OTAN ont mis en action cet article, puisque l’Amérique agressée avait besoin d’aide. Ne soyons pas naïfs, qu’il y ait eu des deals, “j’y vais, mais tu me donnes ça” , il y en a sans doute eu, ou comme à l’inverse en 2003 où la France et l’Allemagne n’ont pas voulu suivre et l’ont payé fort cher par la suite… Mais nulle part, il est écrit qu’en application de l’art du deal de Monsieur Trump, pas d’argent, pas de sécurité ou de “tu ne paies pas tes factures, pas de sécurité“.
Un cerveau reptilien en forme de $
L’OTAN n’est pas une entreprise, mais une alliance dont le fonctionnement financier est réalisé par les contributions directes et indirectes des États membres, et ce à hauteur d’environ 2% du PIB de chacun. Il y a bien un règlement financier3 qui supervise tout cela, mais celui-ci est fondé sur l’efficacité et l’économie. S’il était fondé sur la rentabilité, je pense que cela se saurait.
Conclusion : attention danger !
Nous avons eu Staline avec “combien de divisions“, Kissinger et “quel est le numéro de téléphone“, nous pourrions avoir Trump avec “no money, no security“. Et que ferons-nous, nous européens dont plus de la moitié des pays de l’UE ont choisi le parapluie militaire étasunien et dont la boussole stratégique n’est pas encore tout à fait au point. Comment l’UE fera-t-elle face en novembre si Trump revient ? Donald Trump l’a redit dans son discours en Caroline du Sud : “nous devons donner le signal à tout le monde qu’à partir de novembre tout sera différent“. Dont acte.
- https://www.youtube.com/watch?v=KxBXS8sQxcE ↩︎
- https://www.nato.int/cps/fr/natohq/official_texts_17120.htm ↩︎
- https://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_67655.htm#management ↩︎
Vladimir Poutine et Tucker Carlson
Quand un journaliste vient avec ses questions et que l’hôte présente ses réponses. Quand le journaliste en question ne connaît pas grand-chose, voire rien de l’Histoire de l’Europe et que l’hôte lui raconte SON (la sienne) histoire. Inlassablement, l’hôte raconte son histoire, celle de son pays, victime de l’Ouest, attaqué de toute part par son “étranger proche”, dans une rhétorique somme toute soviétique. Ainsi, j’apprends que la Pologne a collaboré avec Hitler et que l’URSS l’a gentiment prévenue que ça n’irait pas. L’Accord Ribbentrop-Molotov (pacte germano-soviétique), il en est peu question et le journaliste n’en a rien dit, sans doute par méconnaissance. Bien entendu, l’hôte, expérience oblige, s’appuie sur certains faits exacts pour broder autour sa propre histoire et le journaliste ne dit mot. B-A BA de la désinformation.
Quand la vision d’un sandwich m’apparaît
J’avais écouté Trump pendant plus de 2 heures. Sans doute avais-je décidé de commencer la semaine courageusement, j’allais donc écouter Messieurs Poutine et Carlson 2 heures de plus. Pourquoi ai-je rapidement vu la carte du monde se rétrécir d’un seul coup et coincer l’Europe entre deux mastodontes, comme une tranche de jambon toute molle au milieu de pain rassi ? Pris entre les États-Unis et la Russie, la Chine en embuscade, que va devenir l’Europe ?
Guerre informationnelle et encerclement cognitif
Le journaliste écoute, écoute, le regard sévère, ponctué de grands éclats de rire naïfs, même quand son hôte lui explique combien les élections présidentielles américaines sont si complexes à comprendre avec toutes ces différentes étapes. Bien sûr dans son pays, c’est très simple. Un candidat. Point. Tout y est ou sans doute presque, même la religion. Qui en aurait douté ? L’hôte sait très bien noyer le journaliste entre l’Empire romain et Gengis Khan, l’un sourit cyniquement quand l’autre se sent largué au milieu des steppes et doit faire preuve d’une imagination débordante pour ne pas sembler trop ridicule.
Très mauvaise partie de poker menteur qui n’augure rien de bon pour notre avenir …
https://www.youtube.com/watch?v=fOCWBhuDdDo
L’intelligence économique c’est aller chercher l’information stratégique nécessaire aux acteurs économiques et révéler les menaces cachées.