Ma reconversion vers la géopolitique et les relations internationales m’a menée vers des horizons inattendus : l’enseignement de l’histoire, de la géographie et de l’éducation morale et civique (E.M.C), entre autres.
J’aime donc conceptualiser mes cours, et “coller” au quotidien, faire le lien de l’utilité de ces matières.
Aussi, à l’occasion de la journée internationale de la femme du 8 mars, ai-je programmé des heures sur l’égalité femme-homme au programme de l’EMC.
Ce samedi 8 mars 2025 au soir, pourquoi ai-je ressenti de la honte en entendant les comptes rendus de manifestations où de soi-disant féministes scandaient ‘Heil Trump’1, tandis que d’autres usaient de violence pour empêcher certaines femmes d’y accéder2 ? Et cette animatrice d’une radio nationale déclarée “non, mais vraiment je ne comprends pas!”. Vous ne comprenez pas ? Alors, réécoutez J.D Vance à Munich …
Pourquoi l’espace de quelques secondes ai-je eu honte ? Nombre de mes élèves et étudiants me qualifient de féministe, car je leur explique de ne pas se laisser faire, de travailler pour avoir le plus de chance et de se dégager des stéréotypes imposés par la société de consommation.
Mais comment leur expliquer qu’en ce 8 mars 2025, certaines femmes ont exclu, méprisé et agressé d’autres femmes, au nom d’un féminisme qui, au lieu d’unir, divise ? Comment leur faire comprendre que l’on peut dénoncer les inégalités sans sombrer dans l’intolérance ?
Le pire ennemi d’une femme est-il vraiment une autre femme ? Non, ce sont les barrières que l’on dresse entre nous. En refusant le débat, en adoptant des comportements dogmatiques, nous affaiblissons notre propre cause. Le féminisme ne devrait pas être un champ de bataille interne, mais un combat collectif, où la diversité des parcours et des voix enrichit la lutte.
Pendant que certaines manifestantes en France s’invectivent sur des définitions du féminisme, des femmes en Afghanistan se battent simplement pour vivre et respirer enfermées. Pendant que ces pseudo féministes s’écharpent sur des questions identitaires, des Iraniennes risquent leur vie pour avoir le droit de ne pas porter le voile. Elles n’ont pas le luxe de ces divisions.
Alors oui, je continuerai de dire à mes élèves, garçons et filles que l’égalité est un combat qui se mène ensemble, sans exclusion, sans slogan vide de sens, sans haine inutile. Parce qu’à la fin, si nous voulons avancer, nous devons nous écouter, nous comprendre, et surtout, ne jamais oublier celles qui, ailleurs, ont payé et paient leur liberté au prix du sang et du silence.
Sources :
- https://www.leparisien.fr/paris-75/heil-trump-poutine-musk-le-pen-a-paris-pour-le-8-mars-laction-choc-des-femen-contre-l-epidemie-fasciste-08-03-2025-5TM2YUJPWVBQFIAW5B6JNB24LM.php ↩︎
- https://www.lefigaro.fr/actualite-france/feminisme-comment-la-manifestation-du-8-mars-vire-a-l-affrontement-entre-mouvements-feministes-20250308 et https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/03/08/8-mars-250-000-manifestants-en-france-pour-les-droits-des-femmes-dont-120-000-a-paris-selon-les-organisateurs_6577343_3225.html ↩︎