En lisant une interview d’Hubert Védrine[1] consacrée à son ouvrage sur Camus[2] me vint la réflexion que notre jeunesse est bien loin de ce genre d’auteur.
Durant l’été, j’accompagne de jeunes collégiens a récupérer un niveau qu’ils n’ont pas ou plus.
En lisant l’échange entre Hubert Védrine et Anne-Laure Debaecker, je pense au jeune rencontré hier. Pourquoi lire ? Personne n’a répondu jusqu’alors à sa question. J’ai croisé son chemin, et je lui ai répondu. Simplement. A vous je le dis autrement. La lecture est la première des libertés : elle muscle notre cerveau, alimente notre libre arbitre, affûte notre esprit critique et nous donne de l’oxygène.
Ce gamin (terme affectueux pour désigner ce jeune) va entrer en 4e et est désabusé par le collège. Comment peut-on être désabusé à 13 ans ? Il a envie d’apprendre, de comprendre, mais ma foi à cet âge, reconnaissons-le, il est parfois bien difficile de faire la part des choses.
Les coachs de développements personnels passent leur temps à répéter, « savez-vous pourquoi vous vous levez le matin ? » et autres questions existentielles. Mais y-a-t-il quelqu’un qui un jour s’est demandé si des enfants se posaient la question, le matin en se levant, de savoir pourquoi ils allaient à l’école ou en cours ? Il fut un temps, pas si lointain (parce que je ne suis pas si vieille) ou, certes, je pouvais râler à l’idée des tyrans que j’allais côtoyer, mais il y a avait aussi ceux où, impatiente de retrouver un prof passionnant, je savais que la journée serait belle. Elle serait belle parce que j’aurais appris quelque chose et que la liberté qui, telle une magnifique plante grimpante, trouverait la lumière pour s’épanouir et grandir un peu plus.
J’aimerais apporter un brin de lumière à ce jeune pour qu’il ne mette pas ses rêves aux orties. Oh bien sûr, on peut toujours tenter de les récupérer par des chemins de traverse, mais les orties, sont les orties …
[1] Valeurs actuelles, 11 juillet 2024, Hubert Védrine : « lire Camus a un côté un peu détox ! »,
[2] Hubert Védrine, Camus, notre rempart. Plon, 128 pages, 18€