Que retenir d’autre de la semaine du 27 novembre au 3 décembre 2023
Apple Silicon M3
Quand bien même la keynote d’Apple du 31 octobre dernier était une réponse à Qualcomm qui a récupéré la modélisation de la puce M1, la stratégie de l’Apple Silicon M3 ne cesse de poser des questions. Déclinés en M3, M3pro et M3Max, les nouveaux processeurs de la marque à la pomme auront une gravure de 3nm, ce qui à ce jour, est une performance.
Depuis 2020, Apple a développé ses puces Apple Silicon M1 et M2 puis M3 grâce à la licence britannique ARM. Selon la chaîne Underscore(1), pourquoi se lancer dans une telle fabrication ? Se dégager d’Intel, stratégie d’intégration verticale ou contrepied à l’Intelligence Artificielle avec le développement du LLM (Large Language Model) en local donc bien plus puissant que le Chatgpt actuel?
La spécification de ces puces réside dans leur conception exclusivement “made in Apple” : conception, design, ingénierie. La fonderie se faisant toujours par TSMC, Taiwan Semiconductor Manufacturing Company.
Et là, je fais le pas de côté. Je laisse la technique aux professionnels et je me penche sur les relations “symbiotiques” des deux entreprises(2).
Suite à la crise de la Covid et au déclenchement de la Guerre d’Ukraine, la “mondialisation heureuse” a quelque peu pris du plomb dans les ailes. On entend reparler de protectionnisme, d’autonomie, de souveraineté, de sécurité économique. Une course contre la montre s’est engagée pour les puissances économiques : retrouver leurs savoir-faire, maîtriser leurs chaînes d’approvisionnements, bref, redevenir maître des horloges sur son propre territoire.
C’est ce qu’essaie aussi de faire Apple ces dernières années : ne plus dépendre des coups de froids et chauds des relations internationales pour s’assurer d’une continuité d’activité sans faille. En effet, depuis 2018, les Etats-Unis mènent une guerre commerciale contre le Chine et plus particulièrement dans le domaine des semi-conducteurs.
S’il n’est plus besoin de présenter Apple, quelques précisions sont à apporter à son partenaire TSMC. Ce fleuron économique taïwanais est maître dans la fonderie, la lithographie des puces inférieures à 5 et 3nm. Mais, à ce jour, TSMC est toujours à Taïwan d’où la question toute stratégique des processeurs, objets de toutes les convoitises.
En 2020, encourageant l’installation d’une usine TSMC à 40 milliards de dollars en Arizona, l’administration Trump a joué une carte de l’endiguement économique de la Chine, renforcé par le Chips and Science Act de 2022. Lequel doté de 280 milliards de dollars permet la multiplication des investissements dans tous les Etats-Unis.
Ainsi, dès 2024, l’usine TSMC de Phoenix ouvrira ses portes et lancera la production de semi-conducteurs sur le sol américain et consacrera 90% de sa chaîne de production à Apple(4).
L’avenir des iPhone et autres produits Mac est assuré. Mais qu’en est-il de l’assurance-vie de la petite île en Mer de Chine ? Et bien que nous ayons l’entreprise ASML de fabrication de machine à lithographie sur le territoire européen, quel est notre devenir sur ce segment stratégique ?
Pour en savoir plus sur les semi-conducteurs, n’hésitez pas à vous connecter sur : https://observatoiredessemi-conducteurs.eu
“On marche sur la tête” …
Et ce n’est pas moi qui le dit, mais nos amis les jeunes agriculteurs ! Parisiens que nous sommes, n’avons-nous sans doute pas vu les résultats de leur (juste) colère. De nombreuses villes ont eu leur panneau d’entrée retourné, tête en bas, dans des actions de sensibilisations non violentes.
Que voulons-nous faire de notre agriculture ? Lui jeter le même sort que celui réservé à notre industrie pour se raviser en catastrophe lors d’une prochaine crise ?
Quel besoin avons-nous de maltraiter ceux qui nous nourrissent(4)?
Etre souverain pour nourrir sa population est une forme de puissance, et comme il n’y a pas d’économie sans géopolitique, autant être et rester autonome sur les questions fondamentales de la nourriture.
La planète habite 7 milliards d’êtres humains. Comment allons-nous les nourrir TOUS, si un pays comme le nôtre en vient à abandonner l’une de ses principales richesses ?
Nous l’avons-vu, la Guerre d’Ukraine a provoqué de nombreuses frayeurs pour les pays qui dépendent de la zone géographique russo-ukrainienne, encourageant Vladimir Poutine à utiliser la question des céréales comme arme de guerre.
De son côté l’Europe, avec son Green Deal et sa stratégie de la “ferme à la table” et la mise en application de la Politique Agricole Commune 2021-2027 (PAC) cette année, participe à la maltraitance de notre agriculture. Mais pas seulement. L’Etat Français, par une agenciarisation excessive des décisions permet des sur-transpositions des normes phytosanitaires et environnementales toujours plus contraignantes pour nos agriculteurs et de facto favorisant nos concurrents intra-européens et autres.
Par ailleurs, une étude de 2020 réalisée par le département de l’Agriculture des Etats-Unis (USDA), conclu que la stratégie de l’UE provoquerait une baisse de production et des exportations de sa zone au profit de ses concurrents directs. En faisant reculer la production agricole européenne d’ici à 2030, plus de 20 millions de personnes supplémentaires connaitraient l’insécurité alimentaire(5).
Nos jeunes agriculteurs sont donc légitimes à nous alerter sur leur avenir et le nôtre !
Quelle est notre mémoire sur …
Quelle est notre mémoire sur le viol comme arme de guerre ?
Nous avons redécouvert cette cruauté avec la guerre d’Ukraine. Il semble que nous l’ayons de nouveau découvert avec les pogroms du 7 octobre 2023 dans une dimension d’un autre temps.
Pourtant, avec la pierre et le gourdin, c’est sans doute l’une des premières armes que l’humanité ait créée. Si, au XXIe siècle, on ne se sert plus des premières (bien que dans l’Aranuchal Pradesh aucun coup de feu ne soit échangé entre Chinois et Indiens), pourquoi devrions-nous nier l’existence du viol et des mutilations comme arme de destruction, de déshumanisation, de barbarie immonde. Chaque conflit dans le monde lui garde une place bien “confortable”, gratuite et d’une efficacité mortifère que notre vision occidentale refuse de voir.
Quand j’avais une dizaine d’années, un soir où désobéissant une fois de plus aux injonctions d’aller dormir, je me faufilais pour regarder la télévision derrière l’encoignure de la porte. C’était l’époque où nous n’avions que trois chaines, et les indicatifs du CSA et de l’ARCOM n’existaient pas. Mes parents regardaient un téléfilm dont l’histoire se déroulait à l’époque de l’inquisition en France au XIIIe siècle et des folies meurtrières de la religion. Une scène s’est gravée à jamais dans ma mémoire, celle d’une femme empalée par les parties basses sur un pieu, ce que l’on appelait à l’époque l’exécution par “le bouc de la sorcière”. Je n’ai jamais souhaité retrouver le titre de ce téléfilm. La réalité se charge de démontrer la férocité des êtres humains entre eux. Plus proches dans l’Histoire de France, citons les massacres des 2 et 3 septembre 1792 avec, entre autres, l’ignoble sort fait à Madame de Lamballe.
Cessons d’être des Occidentaux-Bisounours hors du temps. Le sujet du viol et des mutilations faites aux femmes ne datent pas de la guerre d’Ukraine ou celle du Hamas contre Israël. La réalité est toute autre et les chiffres donnent la nausée. En Syrie, par exemple, plus de 50.000 femmes ont été violées depuis 2015. En République Démocratique du Congo, autre exemple, on estime à plus de 20.000 viols par an depuis 1996 ; au Rwanda en 1994, l’estimation varie entre 250.000 et 500.000 femmes violées en l’espace de 3 mois(*). En 2018, le Docteur Denis Mukwege, “l’homme qui répare les femmes”, reçu le prix Nobel de la Paix avec Nadia Murad pour leurs luttes à dénoncer et mettre fin à l’utilisation du viol, du viol collectif et les mutilations qui vont avec comme arme de guerre. En vain …
Le viol comme arme de guerre et les grossesses suite aux violences sexuelles ne sont pas, à ce jour, reconnus comme crime de guerre. Pour quelle raison ? Parce qu’il s’agit d’un élément de tactique de guerre “comme un autre”. La réalité est têtue …
(1) https://www.youtube.com/watch?v=MjlefZF6SvE&list=PLH-jgUhPomgv2855QWNQbVmudKKh_Z8JY&index=79
(2) https://www.digitimes.com/news/a20231106PD201.html?mod=3&q=TSMC+SYMBIOTIC+PARTNERSHIP+THRIVING+AMID+MARKET+HEADWINDS
(3) https://www.macg.co/ailleurs/2023/05/tsmc-apple-prendrait-90-de-la-production-en-3-nm-136807
(4) Nourrir, cessons de maltraiter ceux qui nous font vivre. Sylvie Brunel. Buchet Chastel. 2023
(5) Le Demeter 2022, Alimentation les nouvelles frontières.IRIS Editions. 2022
(*) Revue Carto le monde en carte, Numéro 78, juillet-Août 2023, pages 22 et 23