Que retenir d’autre de la semaine du 10 au 17 décembre
Souveraineté économique française : une nécessité pressante
Dans un monde où la compétitivité économique définit le statut des nations, “l’intelligence économique, outil de reconquête de la souveraineté française ?” était la question cruciale au cœur du débat lors de la table ronde organisée par le Synfie (Syndicat Français de l’ Intelligence Economique) le 13 décembre, où experts et professionnels se sont penchés sur le rôle vital de l’intelligence économique dans la restauration de la souveraineté économique française.
Le terme de “reconquête” dans le titre doit avant tout interpeller sur la situation économique française. Tout comme le terme de “réindustrialisation” doit poser question. Pourquoi l’utilisation de ce préfixe “re” ou “ré” ? Le dictionnaire Larousse nous indique la définition suivante : “préfixe exprimant la réitération (refaire), le retour à un état antérieur (recourber), le renforcement (repenser), …” .
Nous supposons donc qu’il y a eu un état précédent avant la “re” ou “ré”. Il y a donc eu une conquête économique française, comme il y a eu une industrialisation française. Mais ça, c’était le monde d’avant. Ce préfixe “re” ou “ré” nous indique que notre situation nous impose de recommencer des actions, en l’occurrence, pour retrouver un rang économique acceptable, et inverser cette tendance à faire de la France un nouveau pays en voie de sous-développement et faire du peuple français un peuple de mendiants.
La France est un pays de talents qu’il faut faire vivre et “ne pas emmerder“, comme le soulignait le président Pompidou. Aujourd’hui, hauts fonctionnaires et agences en tout genre rendent la vie impossible avec la surtransposition de normes et de règlements européens à nos entrepreneurs, agriculteurs, bref, à tous ceux qui apportent de la valeur ajoutée à notre pays . Depuis 40 ans, la France a perdu son tissu industriel pour arriver au niveau de celui de la Grèce. Il faut protéger l’environnement, réduire son empreinte carbone. Par conséquent, face à l’empilement des normes et “surnormes en excès de zèle”, nous avons fermé nos entreprises pour aller fabriquer ailleurs, plus loin. Si notre bilan carbone devient bon, celui des émissions importées est très mauvais. Quant à notre balance commerciale, n’en parlons pas !
Comment allons-nous donc faire pour introduire le préfixe “re” ou “ré”, pour REdonner à la France la place économique qui devrait être la sienne ? Comment allons-nous faire pour répondre à l’impératif de décarbonation sans mettre sens dessus dessous le peu d’actifs industriels qu’il nous reste dans ce monde en mutation rapide ?
2023 s’achève. 2024 devra être l’année où la priorité devra être mise sur l’importance de défendre les intérêts nationaux et d’adapter l’approche française à l’intelligence économique pour relever ces défis.
Mais où va l’Allemagne ?
En 2022, lors de mon passage à l’EGE, accompagnée de deux collègues, nous avons rédigé un rapport sur “les contradictions allemandes par rapport à la construction européenne” . Ce long travail de plusieurs mois nous a permis de comprendre le positionnement allemand au sein de l’UE.
Ce pays au centre géographique du continent est l’une des pierres angulaires de l’Union européenne. Malgré sa défaite puis sa partition après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne a d’une part fait preuve de grande résilience, mais aussi d’un certain leadership face auquel, nous français avons souvent fait preuve de pusillanimité.
Mais que se passe-t-il outre-Rhin ces dernières semaines ? Le modèle politique de coalition que nous envions tous semble avoir passé l’année avec beaucoup de difficultés. Le gouvernement actuel est le plus impopulaire depuis 2010 avec environ 17% d’Allemands satisfaits selon le sondage Deutschlandtrend du 7 décembre. Par ailleurs, l’Allemagne traverse, outre comme nous tous des difficultés économiques, une grave crise politique et budgétaire suite à la récente décision de la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe de bloquer la loi de finance pour 2024. En effet, il n’est de meilleur gestionnaire que l’Allemagne et hors de question d’évoquer le terme de “déficit”. D’un point de vue historique, la Réforme et la Contre-Réforme ont inscrit la société allemande dans une éthique du devoir, de l’ordre et de l’éducation.
Si à l’intérieur, l’accroissement de puissance par l’économie semble au point mort, à l’extérieur son rôle international suscite interrogations et préoccupations : après l’aveuglement sur le gaz russe et les conséquences néfastes pour tous les pays européens, où nous mènera le positionnement indéfectible de l’Allemagne pour Benyamin Netanyahou, gênant ainsi l’Union européenne dans une prise de position équilibrée ? L’Allemagne ne redeviendrait-elle pas “l’homme malade” de l’Europe dans une locomotive allemande nous menant tous de Charybe en Scylla ?