Semaine du 22 au 28 janvier 2024
Élections européennes : j-130
Les élections européennes occupent nos esprits depuis plusieurs semaines. Gérard Araud offre une tribune éclairante dans Le Point, soulignant le rôle dévié que l’on attribue à ce scrutin qui devrait, en réalité, être une opportunité pour débattre des nombreux sujets européens à l’ordre du jour. Bien sûr, avec la crise agricole, nous y sommes, pourriez-vous objecter. Cependant, il est essentiel d’avoir accès aux informations pertinentes, et nos partis politiques, souvent trop centrés sur les enjeux nationaux, ne devraient pas transformer cette élection en un scrutin national pour ou contre le gouvernement. Car, l’enjeu de ce scrutin n’est ABSOLUMENT pas celui-ci. Il s’agit de choisir des représentants compétents pour le Parlement européen et de les inciter, comme le rappelle Gérard Araud, à s’investir pleinement dans leur rôle.
Non, le Parlement européen n’est ni un “placard doré” ni un tremplin !
La France est devenue l’objet de moqueries au sein de l’Union européenne : depuis des décennies, elle utilise ces élections comme un prétexte pour y reléguer les indésirables de ses partis politiques, leur offrant un “placard doré”. Peu importe ce qu’ils font ou ne font pas une fois là-bas. Êtes-vous, aujourd’hui, capable de citer 10 députés européens français sur les 79 en poste actuellement ? Ceux qui sont présents de bout en bout, aux commission, lors des votes. Je ne cesse de militer pour que cette élection retrouve son rôle premier : élire des députés au Parlement européen afin de suivre, de rapporter, mais surtout de mettre en œuvre le pouvoir législatif, budgétaire et politique de cette assemblée.
Scrutin de liste à un tour,
Les élections auront lieu, pour la France, le dimanche 9 juin. Pour cette nouvelle mandature, nous aurons à choisir 81 députés inscrits sur des listes estampillées de nos partis politiques. La confusion d’un scrutin national est peut-être là : nous allons élire des parlementaires qui rejoindront des groupes européens dont nous ignorons le nom. Il n’y aura qu’un tour. Donc pas de vote utile en vue d’un deuxième tour. Si vous estimez que voter est une corvée, commencez votre journée par un passage au bureau de vote, vous n’y penserez plus après. Si vous estimez que c’est une chance, commencez aussi votre journée par cela, vous êtes sûr que votre bulletin sera compté.
Une question d’existence
En ces temps plus que troubles, ces élections revêtent un enjeu existentiel pour l’Europe et pour notre pays. Dans quel environnement politique souhaitons-nous vivre ? Quelles entreprises, quelles industries, quelles agricultures, quels emplois voulons-nous pour l’avenir, et celui de nos enfants ? D’autres pays de l’Union l’ont mieux compris que nous et ont aujourd’hui une place de choix : celle de celui qui influence et qui donne le tempo de cette Europe tant décriée. Et nous, que faisons-nous ?
Agriculture, suite
Le gouvernement nous assure qu’il fera tout pour réduire les normes incohérentes et les contraintes administratives de nos agriculteurs. Je suis assez curieuse de savoir comment il va faire … puisqu’il est tenu par une loi. Pas n’importe laquelle. La loi du 8 août 2016 sur la reconquête de la diversité de la nature et des paysages. Et oui … Celle qui doit faire de la France un modèle exemplaire en matière environnementale et de surtranspositions.
Les mêmes …
Les mêmes qui ont signé l’arrêt de mort de notre filière nucléaire sur un coin de table, ont signé la même fin pour notre agriculture. En créant l’Agence française pour la diversité, le gouvernement et les législateurs de l’époque se sont déchargés de toutes les questions liées de près ou de loin à la bioéthique. Façon Ponce Pilate, ils ont laissé la responsabilité des décisions stratégiques à des agences inconnues du grand public. Comme une “agenciarisation” de la vie publique.
Petits exercices de mémoire :
Vous souvenez-vous, en avril 2023, d’une histoire de céréales qui ne pouvaient être exportées au Maghreb et en Afrique Sub-Saharienne pour des raisons de fumigation ? Il s’agissait d’une mesure administrative unilatérale à laquelle peu de gens s’attendaient. Celle-ci prise par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a compromis les exportations de céréales françaises en dehors de l’Europe. Son interdiction unilatérale de la fumigation des cales des navires transportant des céréales en France a rendu les chargements de blé inacceptables pour les clients extra-européens, notamment africains. Cela concernait 11,5 millions de tonnes d’exportations de céréales.
Et oui ! Autre exemple, la betterave et les néonicotinoïdes interdits en France. Quand l’UE en interdit un certain nombre, la France les interdit tous. Conclusion : les Allemands qui les ont introduit dans leurs semences peuvent continuer leurs cultures quand nos producteurs français n’ont plus que leurs yeux pour pleurer et attendent des compensations financières ! Maintenant, vous comprenez mieux l’expression de “marcher sur la tête”. La semaine prochaine je vous parlerai des pêcheurs.
Et ce n’est pas terminé !
Voilà, les raisons pour lesquelles nos pauvres agriculteurs n’en ont pas terminé avec les normes et les réglementations. Pour cela, il faudrait revoir cette loi qui a délégué tous les pouvoirs à d’obscures administrations invisibles. Mais que voulez-vous ? Il en est ainsi de la France en 2024 et de son modèle démocratique : comment se fait-il qu’un parti politique n’ayant fait à peine 2% à la dernière présidentielle et n’ayant que 27 députés à l’Assemblée nationale détienne les trois organes clés de nos institutions à savoir la Cour des comptes, le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État ?
L’intelligence économique c’est aller chercher l’information stratégique nécessaire aux acteurs économiques et révéler les menaces cachées.